Tarifs bancaires
Les engagements pris par les établissements bancaires à l'automne 2004 semblent marquer un tournant dans leur stratégie tarifaire. Le passage de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Economie aura laissé des traces dans les banques. Tous les engagements obtenus en novembre 2004, au terme de longues tractations entre les établissements de crédit et les associations de consommateurs, sont désormais réalisés. Le dernier en date, l'insertion de pictogrammes dans les relevés bancaires pour mieux identifier les différents frais, devait être effective en début d'année. Mais le résultat le plus spectaculaire réside peut-être dans la modération tarifaire qui semble s'être emparée des banques. Les associations de consommateurs n'y sont sans doute pas étrangères. « La profession n'est plus dans l'ère des hausses de tarifs de plus de 10 % », reconnaît Jean-Pierre Levayer, directeur de l'offre de produits et services du Groupe Caisse d'Epargne. L'examen des tarifs applicables à partir de janvier sur un éventail de produits et services les plus courants, dans les principaux réseaux (voir ci-contre), confirme cette modération. La hausse constatée est globalement limitée à l'inflation - c'est par exemple la préconisation de la Caisse nationale des Caisses d'Epargne, la tête de réseau du groupe coopératif, pour 2006. Et encore, beaucoup de tarifs restent stables. Certains services accusent même des baisses, voire deviennent gratuits. Consommateurs plus attentifs : Pourquoi une telle stratégie ? D'abord, pour préserver le fonds de commerce. « A l'occasion de notre changement de marque en novembre et de la convergence de quatre des banques du groupe (CCF, Hervet, UBP et Banque de Picardie), nous avons voulu mettre en avant notre modération tarifaire, explique Yves Le Guerch, responsable du marketing particuliers pour HSBC France. Nous avons ainsi harmonisé, le plus souvent à la baisse, les tarifs de ces établissements, et nous avons supprimé la commission sur les comptes inactifs. » La tendance est louable, venant surtout d'une banque plutôt orientée vers la clientèle haut de gamme. « Nous préférons inciter les clients à développer leurs avoirs chez nous plutôt que de tarifer trop cher les services les plus courants », souligne Yves Le Guerch. Ensuite, pour capter de nouveaux clients. « Les consommateurs sont plus attentifs qu'auparavant aux différences de tarifs entre les banques, même si le taux du crédit immobilier reste encore un facteur de choix déterminant », explique Yves Matrenchar, responsable retail pour la banque de détail en France de BNP Paribas. « Low cost » Phénomène conjoncturel ou tendance de fond ? « Clairement, notre politique de modération tarifaire s'inscrit dans la durée, répond le responsable de BNP Paribas. Nous n'avions pas attendu les négociations avec Bercy pour supprimer, par exemple, les frais de clôture de compte ou ceux liés à la mise en place des virements permanents. » Depuis, la banque de la rue d'Antin a réduit ses tarifs sur les envois occasionnels de chéquier, la lettre d'injonction, l'opposition sur carte bancaire, ou encore la consultation du compte par Internet. Dans ces conditions, certains banquiers s'interrogent sur le point de savoir si l'initiative du Crédit Agricole, qui a lancé une carte bancaire « low cost » à 14,90 euros en novembre, n'annonce pas un profond revirement sur les niveaux de prix. Aux Caisses d'Epargne, on refuse d'adopter une telle stratégie. « Nous n'avons pas le même positionnement, explique Jean-Pierre Levayer. A la différence du Crédit Agricole, nous avons choisi notamment de ne pas facturer les retraits effectués aux distributeurs de billets des autres réseaux, ni de supprimer certains services essentiels comme la garantie achat. » Chez BNP Paribas, on ne souhaite pas non plus entrer dans cette logique : « Nous avons choisi la modération tarifaire, mais pas le hard-discount. Nous préférons enrichir le service offert à nos clients», indique Yves Matrenchar, qui prépare ainsi un nouveau service lié à la carte bancaire pour le printemps. Il n'empêche. « Il est probable que l'on s'oriente vers des prix de plus en plus ajustés au profil d'utilisation de la banque par chaque client, pour une personnalisation croissante des services rendus », estime Patrick Maheut, directeur du développement à la Banque Fédérale des Banques Populaires.Posté le 06 Janvier 2006 © Guide du crédit
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