Les ménages français s'endettent, les économistes se réjouissent
Avec la hausse des prix de l'immobilier, l'endettement des ménages s'est envolé en 2004, progressant de 8,9% par rapport à 2003. Le rapport entre dette des ménages et richesse nationale atteint désormais 39,9%, "un niveau sans précédent", remarque l'étude de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Alors qu'en 2003 les emprunts des ménages équivalaient à leurs dépôts, les premiers dépassent désormais de 11,1 mds EUR les seconds, qui ont néanmoins progressé aussi de 4,8% en 2004, un niveau pas atteint depuis 1997. Ces chiffres, sans doute dopés par les mesures gouvernementales de 2004 en faveur de la consommation - mais dans une proportion que l'Insee ne peut évaluer -, confirment la bonne tenue de la demande intérieure (les crédits aux entreprises ont eux aussi progressé de 4,5% en 2004, après un recul en 2003), face à un commerce extérieur désormais structurellement déficitaire. De plus, les achats de logement s'accompagnent de dépenses d'équipement de celui-ci, en meubles, électro-ménager, électronique: ces achats ont progressé de 14,1% entre avril 2004 et avril 2005. Cette audace des Français contraste avec leur réputation de grands épargnants. L'étude remarque néanmoins que le taux d'endettement des ménages "reste inférieur à ceux observés dans l'ensemble de la zone euro, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis". En 2003, avant cette forte poussée, remarque en effet Emmanuel Ferry, de la société de bourse Exane BNP Paribas, la dette immobilière des Français était de 25%, contre 46% de moyenne européenne, et il juge l'endettement français encore largement "insuffisant". En effet, si les flux de crédits ont augmenté en raison de la hausse des prix de l'immobilier, ce crédit est selon M. Ferry "très concentré sur des gens de moins en moins nombreux". "Tout est fait pour que les gens ne puissent pas s'enrichir", car "les banques ne prêtent qu'aux riches, faute de système de financement moderne et sophistiqué", assure-t-il. Pour lui, un meilleur système hypothécaire permettrait à la croissance française de doubler. Quant au risque de surendettement, que les chiffres de l'Insee peuvent faire redouter, il considère que "c'est un phénomène ultra-marginal, insignifiant" : "C'est comme si on voulait interdire les voitures parce qu'il y a des accidents de la route!", s'insurge-t-il. Responsable de la conjoncture à l'Insee, Michel Devilliers confirme que, macroéconomiquement, la situation "n'inspire pas d'inquiétude" pour l'instant, même si "cela ne veut pas dire que les commissions de surendettement ne vont pas avoir de travail". En effet, selon lui, on est à l'abri d'un effondrement brutal et catastrophique du marché immobilier, car, d'une part "les taux d'intérêt restent bas et ont peu de chance de se relever brutalement", d'autre part, "la rentabilité d'un placement immobilier n'est pas déraisonnable", puisque les loyers suivent le mouvement de hausse. Cependant, Marc Touati, de Natexis Banques populaires, considère que "les Français prennent aujourd'hui des risques, qui peuvent s'avérer payants à court terme, mais aussi très coûteux à plus longue échéance", si le chômage élevé et la croissance faible devaient perdurer, entraînant les Français à vendre en masse leurs biens, à moindre prixPosté le 30 Mai 2005 © Guide du crédit
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